Il y a quelques années, je vivais avec une vision de ce qui m'entourait quelque peu différente. Une réalité un peu enjolivée.
J’aimais acheter des vêtements en masse, des produits cosmétiques en masse. Je ne me posais aucune question sur la nature de ce que je mangeais, ou sur ce que je mettais sur ma peau, ni sur l’impact de mes déchets, de mes trajets et de mes agissements.
Je pensais que ce mode de vie était celui que je devais suivre car c’était celui que les médias, les réseaux sociaux, la pub, en général, me montraient.
Je ne me rendais en aucun cas compte que mon mode de vie et mon mode de consommation encourageaient l’hyperconsommation et l'industrie de masse. Je vivais avec l’ignorance que mes habitudes nuisaient à ma santé, à celle de la planète et de ses humains.
Puis, assez rapidement, j’ai commencé à voyager en car, avec un simple sac à dos ou à bord de ma première voiture, très souvent seule et parfois accompagnée. En Europe d’abord, puis vers des contrées plus lointaines ensuite. J’ai alors rencontré des personnes qui ont radicalement changé mon mode de vie, de pensée, et mon ouverture d’esprit. Des italiens, des suisses, des coréens, des anglais, des écossais, des allemands, des indiens … Mais aussi des français, partis en vadrouille comme moi. Une vraie effervescence de cultures et de modes de vie. Deux d'entre elles m’ont particulièrement marquées.
J’ai pu notamment, échanger de mon temps contre le gîte et le couvert dans une chèvrerie biologique, perdue dans le Nord de l'Italie : “La ferme d’Anna”. Dans sa ferme, nous pouvions consommer et utiliser uniquement des produits biologiques et végétariens. Chaque petits-déjeuners devaient être silencieux et étaient rythmés par des diffusions de mantras pré-enregistrés. Là-bas, pas de wifi, ni de réseau.
Anna m’a appris à m’occuper de ses chèvres, à les traire, elle m’a initié à la permaculture et m’a montré comment elle fabriquait différents fromages de chèvre. Nous avons parlé voyage, bouddhisme, changement de vie et méditation.
Anna n’avait rien de superflue dans sa vie. Elle vivait confortablement en profitant de ce que la nature avait à lui offrir et surtout… en la respectant. Elle savait aussi ralentir le rythme. Prendre son temps. Elle m’a fait vivre une expérience inédite.
J’ai alors pris conscience que je pouvais et devais consommer moins, consommer mieux. Ce séjour a, en quelque sorte, changé ma vie.
En rentrant, j’ai fait du tri. J’ai commencé à chercher des solutions pour manger plus localement, pour recycler mes vêtements, porter des vêtements d’occasions, acheter moins de produits cosmétiques et ménagers, faire soi-même, utiliser des produits non testés sur les animaux, recycler mes déchets. Des actions simples et pourtant fondamentales. Évidemment, ce n’est pas des choses que je respecte tout le temps à 100%, mais j’y travaille. Néanmoins, je suis davantage consciente de ce qui m’entoure à présent.
Par la suite, j’ai pu séjourner chez l’habitant en Suisse, chez Florian. Une personne qui m’a dérouté par son engouement et son habitude à prendre toujours absolument tout positivement.Pendant plusieurs jours, nous avons parlé de développement personnel, de motivation, de travail et de rêves. Des discussions qui sont venues compléter les enseignements que j’avais pu tirer de mon séjour chez Anna. Je suis rentrée convaincue que l’on peut tous choisir de devenir constamment une « meilleure » personne. Mais une “meilleure personne” c’est quoi ? Chacun en a sa propre vision. C’est d’abord être une meilleure personne pour soi-même, respecter ses propres valeurs, ses propres rêves, respecter son corps, suivre ses envies. C’est ensuite, respecter les autres, leurs choix, leurs valeurs, leurs rêves, leurs modes de vie et de pensée. Néanmoins, être une meilleure personne ne veut pas dire devenir une personne parfaite.
C’est ce que j’essaye de faire depuis. Je souhaite toujours progresser, approfondir mon engagement écologique, mon ouverture d’esprit, mon sens critique. Je suis ravie des changements que ces deux personnes ont opérés dans ma vie.
Je vous raconte tout cela car en venant dans mon bar, dans notre Tiers Lieu, je souhaite vous faire vivre une expérience similaire. Je souhaite que l’on partage nos expériences, nos histoires, nos anecdotes, et vous faire découvrir des produits de nos régions, fabriqués de manière éco-responsable.
Réfléchir ensemble à des modes de vie respectueux de notre planète mais aussi de nous-mêmes et en adéquation avec nos vies contemporaines. Inscrire dans le temps un moment de partage et de convivialité, dont j’espère que vous vous souviendrez.
Enfin je finirais avec quelques mots bien actuels, issus des voeux 2021 d’Olivier Archambeau, le Président de la Société des Explorateurs Français : “Pour le futur proche, après avoir repensé et décalé 100 fois, voyages et projets, passé en revue nos bibliothèques, je formule le vœu que nous cessions de tourner en rond dans nos cages, que nous retrouvions au plus vite restaurants et terrasses de café afin de pouvoir refaire le monde dans de bonnes conditions et par-dessus tout, que nous retrouvions les grands espaces.”
Texte et photographies : © Lucie Sonrier
(Sauf la photographie n°1 : ©Margaux Kuntz)
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